Une bonne gestion sanitaire des fourrages

Dans cette période d’utilisation des fourrages récoltés, des risques sanitaires peuvent survenir si certaines conditions ne sont pas respectées et réunies. Différents troubles sur la santé des animaux peuvent alors être observés dans tous les systèmes de conservation et résultent de la prolifération anormale de germes tels que Listeria monocytogenes, de germes butyriques ou encore de levures et moisissures.

La listériose est une maladie due à une bactérie Listeria monocytogenes naturellement présente dans la terre et dans les fourrages verts en faible quantité. Les risques de contamination par la bactérie peuvent exister à différentes étapes critiques de réalisation du fourrage :

  • Récolte du fourrage
  • Confection du silo
  • Conservation de l’ensilage
  • Reprise de l’ensilage
  • Distribution
Pour prévenir l’incorporation de terre contaminée lors de la récolte du fourrage, il convient d’avoir un programme de lutte contre les taupes et de régler la barre de coupe de la faucheuse/ensileuse. Le mélange de terre lors de la confection du silo doit pouvoir être réduit par une propreté de la zone d’installation du silo, un nettoyage des roues de l’engin de tassement et un tassage progressif par couches. Afin de conserver l’ensilage dans les meilleures conditions, il convient d’avoir un taux de matière sèche optimal à la récolte (de 20% à 35% pour un ensilage, de 40% à 55% pour un enrubannage) et de mettre à la surface de l’ensilage un film souple puis une bâche permettant une couverture hermétique du silo et limitant les infiltrations d’air ou d’eau.  Un retrait progressif de la couverture doit s’effectuer et le maintien d’un front d’attaque net doit s’opérer pour éviter une reprise de fermentations indésirables. Lors de la distribution du fourrage aux animaux, les zones contaminées ou altérées doivent être laissées et les refus dans les auges doivent être éliminés régulièrement.

 

De la même façon, les germes butyriques se trouvent dans la terre et peuvent avoir des incidences sur la transformation fromagère si leur concentration dans le lait est importante. Ils ne sont en revanche pas pathogènes pour les animaux.

D’autres germes, tels que des moisissures (champignons) ou des levures (Candida principalement) peuvent avoir des conséquences sur la santé des animaux. Les levures se développent dans les fourrages riches en sucre (comme le maïs grain) et peuvent se transformer en alcools, réduisant alors l’appétence et pouvant impliquer des infections génitales ou des baisses de la fécondité. Les moisissures peuvent être présentes dans tous les fourrages et se développement en présence d’oxygène et de sucres. Certaines sécrètent alors des mycotoxines qui pourront entraîner des troubles de la reproduction, gastro-intestinaux ou rénaux. Tout comme pour la listéria, il convient de ne pas récolter les fourrages par temps humides et de fermer rapidement les silos afin d’éviter toute entrée d’air. A l’ouverture du silo, un contrôle visuel des surfaces des fronts d’attaque doit être effectué et toute partie suspecte ou altérée doit être enlevée. Les grains, foins et pailles doivent être stockés dans un endroit aéré et sec.

De manière globale, l’état sanitaire du fourrage doit être optimal à la récolte (peu ou pas de présence de terre, taux d’humidité faible), les matériels de tassage et de récolte doivent être nettoyés après usage et les silos doivent être bien tassés et étanches afin de garantir une bonne ouverture et ainsi éviter la survenue de troubles chez les animaux qui ingèreront les fourrages.

Source : Herbe et fourrage, GDS 19.