Dermatose nodulaire contagieuse – évolution des foyers et stratégie vaccinale lancée dans la zone

Au 15 juillet 2025, 24 foyers pour 15 éleveurs sont confirmés en Savoie et Haute-Savoie. Les moyens de prévention sont toujours activés en restreignant tous les mouvements d’animaux vivants entrant ou sortant de la zone règlementée (50 km), et la stratégie vaccinale de la France vient d’être validée.

 

Situation épidémiologique

Les nouveaux foyers confirmés le 15/07/2025 portent le nombre à 24 foyers chez 15 éleveurs. La différence s’explique par la détermination du « foyer » selon une enquête épidémiologique en local : les bovins identifiés sont ceux en contact, ce qui pour certains cheptels ne concerne pas tous les animaux. Les foyers sont positionnés dans une zone restreinte de 5 communes (cf. graphique ci-dessous) en Savoie et Haute-Savoie. Des suspicions ont toujours lieu au-delà mais jusqu’alors sont infirmées, mais d’autres sont en cours : il est nécessaire d’être vigilants.

Source DGAL 16/07/2025

Les mesures de prévention listées dans la zone réglementée (50km autour des foyers) sont toujours drastiques afin d’éviter au maximum une diffusion dans d’autres élevages : la confirmation de la maladie induit la mise en place d’un Arrêté Préfectoral de Déclaration d’Infection (APDI) et un dépeuplement des animaux, une enquête épidémiologique, désinsectisation et désinfection (cf actualité du 01/07/2025).

Depuis le 12 juillet, la zone réglementée a été modifiée étant donné que le 15ème foyer est distant de plusieurs kilomètres du groupe concentré des 14 foyers précédents. Au total : 17 communes passent de la Zone de surveillance à la Zone de Protection (14 communes en Haute-Savoie, 3 communes dans en Savoie), 38 nouvelles communes basculent en Zone de surveillance (3 communes dans l’Ain, 6 communes en Savoie et 29 en Haute-Savoie). Elles étaient jusque-là en Zone Indemne. La carte de la nouvelle zone réglementée est ci-dessous.

 

Stratégie vaccinale en France validée

Dès la confirmation du premier foyer, le Ministère a passé commande de quelques centaines de milliers de doses de vaccin auprès de la banque de vaccin de l’Union européenne. Ces vaccins, en provenance d’Afrique du Sud, ont été réceptionnés en France le 15 juillet au matin. Les premières opérations de vaccination auront lieu au début de la semaine du 21 juillet.

Le vaccin contre la dermatose nodulaire contagieuse est injecté au bovin en une seule dose par voie sous-cutanée. La protection de l’animal est complète 21 jours après l’injection. La stratégie vaccinale concerne l’ensemble des élevages de bovins situés la zone réglementée de 50 km mise en place autour des foyers. La stratégie de vaccination se déploiera à partir de la limite de la zone de protection, dans les deux sens pour optimiser la protection en anneau :
• vers l’extérieur (vers la limite ZS/zone indemne) ;
• et vers l’intérieur (vers les foyers).
Les élevages proches des foyers seront également vaccinés rapidement.
Une zone périvaccinale, de 20 km autour de la zone réglementée, sera instaurée pour surveillance.
Lors de précédentes campagnes de vaccination dans les Balkans et en Europe du Sud, le vaccin s’est avéré très efficace avec des effets indésirables extrêmement rares (<0,02 %) : fièvre passagère, baisse temporaire de lait et de perte d’appétit, apparition de nodules non contagieux qui disparaissent rapidement. La vaccination n’a aucun effet sur la qualité de la viande ou du lait.

La Ministre de l’Agriculture a convoqué un CNOPSAV le 16 juillet en présentiel pour échanger sur l’ensemble des stratégies à mettre en œuvre pour enrayer la DNC. En conclusion, un dossier de presse et un communiqué ont été publiés réaffirmant une adhésion et un soutien de tous les acteurs impliqués pour un déroulement fluide et rapide de la vaccination sur le terrain. C’est bien une vaccination obligatoire de tous les bovins de la zone réglementée, réalisée par les vétérinaires, prise en charge intégralement par l’État.

Cette stratégie vaccinale est complémentaire du contrôle des mouvements et de dépeuplement des foyers (la vaccination ne peut pas être le seul outil).

Du fait des caractéristiques de cette maladie, de sa contagiosité et de sa durée d’incubation longue (28 jours d’après l’Organisation mondiale de la santé animale), l’éradication rapide de la DNC n’est possible qu’en appliquant un dépeuplement total, c’est à dire l’abattage de l’ensemble des bovins des foyers (sites déterminés par enquête épidémiologique, donc pas forcément tout le cheptel), en plus des mesures de limitation des mouvements et de biosécurité. En effet, certains bovins, bien qu’infectés, peuvent ne pas exprimer de signes cliniques, et par conséquent, s’ils restent sur l’élevage, ils contribuent à la diffusion de la maladie.

Pour l’heure, la transmission reste localisée à quelques communes de Savoie et de Haute-Savoie, ce qui renforce l’efficacité attendue d’une stratégie de dépeuplement total. Ne pas abattre les troupeaux contaminés en début de crise c’est prendre le risque que la maladie devienne enzootique dans nos troupeaux, entraînant la nécessité de vacciner pendant de longues années, sans possibilité d’obtenir le statut indemne.

 

Vigilance dans le transport des équidés pour éviter les contaminations DNC

Bien que les chevaux ne soient pas sensibles au virus de la DNC, ils attirent néanmoins les stomoxes et les taons. Leur présence à proximité d’un élevage bovin peut ainsi favoriser une augmentation de la densité de ces vecteurs, et par conséquent, accroître le risque de transmission de la DNC entre les bovins. Par ailleurs, les chevaux étant fréquemment déplacés, ils peuvent constituer un vecteur passif de diffusion des insectes piqueurs depuis une zone réglementée vers une zone indemne.

Vous trouverez sur le site de GDS France une fiche de communication et de sensibilisation à destination des détenteurs d’équidés présentant quelques recommandations pour prévenir et maîtriser le risque de diffusion de la maladie.

 

RAPPEL – Impacts sur les mouvements d’animaux hors zone règlementée

Sauf si le transport implique un passage par une zone réglementée, aucune restriction de mouvement en lien avec la DNC, y compris en vue d’un échange intra UE, ne s’applique aux animaux détenus en dehors de la zone réglementée et destinés à une zone non réglementée.

Cette consigne est à comprendre jusqu’au bout : les mouvements d’animaux à destination des zones règlementée sont interdits : les mouvements vers l’Italie sont donc impactés. Une estimation des impacts pour le commerce français est en cours.

RAPPEL – Comment limiter les risques à l’échelle de Centre-Val de Loire ?

Cet événement doit nous rappeler l’importance de la mise en place mesures de sanitaire collectif. La biosécurité et la vigilance sont l’affaire de tous les maillons de la filière.

Il est important :

  • D’avoir une vigilance quotidienne de l’état des animaux et de contacter le vétérinaire sanitaire en cas de suspicion
  • De maintenir un niveau de biosécurité suffisant dans les élevages
  • De maintenir la biosécurité dans les moyens de transports des animaux vivants et en élevage, avec entre autres l’isolement des nouveaux animaux introduits dans l’exploitation pendant une période d’observation
  • De porter attention à l’origine des animaux introduits ainsi que la tenue à jour du registre des animaux présents dans l’exploitation et de leurs mouvements.

RAPPEL – Quels sont les signes cliniques ?

La DNC appartient au groupe des varioles des ruminants. Ces maladies affectent les bovinés (DNC), les ovins (clavelée) et les caprins (variole caprine). Le vecteur principal de la maladie est le stomoxe dit mouche piqueuse ou mouche charbonneuse. Les informations détaillées des signes cliniques et impacts sont rappelés dans l’actualité du 7 juillet. Son impact est surtout économique en raison de la morbidité élevée (baisse de la fécondité, amaigrissement, chute de production laitière, dégâts sur les cuirs et peaux…) et des restrictions commerciales qu’elle engendre.

La DNC n’est pas transmissible à l’homme, ni par contact avec des bovins infectés, ni par l’alimentation, ni par piqûres d’insectes. Il n’y a en outre aucun risque pour la santé humaine lié à la consommation de produits issus de ces animaux.

Une détection précoce est essentielle pour limiter la diffusion du virus. Pour accompagner les éleveurs, GDS France a conçu la fiche réflexe ci-jointe. Elle rassemble les bons réflexes à adopter, les mesures de prévention à mettre en place ainsi que les informations essentielles pour comprendre et détecter la maladie.

 

Sources : DGAL, GDS France