Risques parasitaires liés à la mise à l’herbe : quelles précautions ?

Le printemps est généralement la période de mise à l’herbe des animaux. Elle entraîne un changement d’environnement et d’alimentation avec des risques parasitaires pouvant être accrus. Une réflexion dès le début de la saison permet de gérer au mieux la pression parasitaire, et donc de limiter ses conséquences sur la santé des animaux à l’automne.

 

Quels parasites peuvent être rencontrés au pâturage ?

En effet, lors de la consommation de l’herbe par les animaux, des larves présentes sur les pousses d’herbe peuvent être ingérées et parasiter ainsi les animaux.

Parmi les espèces de parasites internes retrouvés au pâturage, les strongles gastro-intestinaux (SGI) sont des vers ronds ingérés par les animaux et se retrouvant ensuite dans l’intestin. Les adultes excrètent ensuite des œufs dans les fèces. Ils se développent en larves sur les pâtures et peuvent survivre plusieurs mois sur le pâturage. Le cycle des SGI est court et la charge parasitaire peut donc augmenter rapidement. Le plus pathogène des strongles gastro-intestinaux est Ostertagia ostertagi. Il provoque chez l’animal des diarrhées, un amaigrissement et un poil piqué.

D’autres types de parasites : les douves et les paramphistomes, peuvent impacter la santé des animaux. Ces vers plats possèdent un hôte intermédiaire, la limnée, un escargot vivant dans les zones humides. Les pâtures présentant un accès à des mares, ruisseaux, ou flaques constituent ainsi un biotope pour cet escargot amphibie qui assure le développement de ces 2 parasites. Les larves dans l’escargot évoluent en deuxième stade immature et sortent ensuite de l’hôte pour venir s’enkyster dans un brin d’herbe qui sera ingéré par l’animal. La forme immature du ver se développera ensuite en adulte dans l’intestin grêle.

En ovin, un autre parasite appelé tænia peut également être retrouvé au pâturage. Ce ver plat segmenté peut atteindre 3 à 5 mètres de long. Il se développe avec un hôte intermédiaire, l’oribate (un acarien), qui ingère les œufs de tænia en se nourrissant des fèces. Les animaux ingèrent ensuite un brin d’herbe, et le ver finit son développement dans l’intestin des moutons. Sur les animaux, on peut parfois observer une anémie, des diarrhées, une laine sèche et cassante voire des retards de croissance.

Les signes qui peuvent alerter d’une infestation parasitaire sont dans la plupart des cas la baisse de l’état corporel, l’hétérogénéité d’un lot avec l’état du poil souvent « piqué » et une baisse de performance.

 

Quelle sont les pratiques de pâturage qui limitent les risques d’infestation ?

Certaines pratiques de pâturage peuvent réduire les risques de parasitisme et permettre ainsi aux animaux de profiter pleinement d’une source d’alimentation peu coûteuse et bien valorisée.

On peut dans un premier temps identifier les différents lots au sein d’une exploitation et l’ordre de passage sur les parcelles lors de la saison de pâturage. Il convient, par exemple, de privilégier le pâturage des bovins adultes ayant suffisamment développé leur système immunitaire avant les génisses. Il peut également être intéressant de caractériser les pâtures qui seront dédiées au pâturage, c’est-à-dire des pâtures non à risque (présentant des zones humides) et où la contention est facilement réalisable.

Ensuite, la période de pâturage doit être raisonnée en fonction des conditions météorologiques. Avec le changement climatique, les périodes favorables et défavorables aux parasites se sont inversées. Autrefois, les hivers froids et secs assainissaient les parcelles. Des ruptures de cycle peuvent s’effectuer aujourd’hui avec les sécheresses qui détruisent les parasites. Cependant, les hivers doux et parfois humides peuvent amener à une persistance des parasites pour la mise à l’herbe de printemps.

Les animaux ne doivent pas rester sur la même parcelle. La pratique du pâturage tournant ou dynamique interrompt les cycles de parasites. La durée de rotation doit être d’environ 20 jours pour permettre d’optimiser la repousse de l’herbe, éviter le surpâturage et diminuer la charge parasitaire. Il convient de ne pas faire pâturer en dessous de 5cm car les larves de parasites se trouvent proches du sol.

Le travail des parcelles, comme le labour ou la herse étrille peuvent détruire les habitats de certains hôtes intermédiaires des parasites et ainsi casser les cycles.

L’alternance avec d’autres espèces (ovins, équins) et l’alternance fauche/pâture sont également des bonnes pratiques pour remettre le niveau de contamination des pâtures à zéro.

En prévention, des coprologies peuvent être réalisées. Elles correspondent à la recherche de la présence de parasites par visualisation et comptage des œufs et larves excrétées dans les selles. Elles peuvent être réalisées régulièrement, à chaque trimestre ou à chaque période clé de l’élevage pour donner une bonne vision du parasitisme au sein de l’élevage. Au minimum 5 animaux doivent être prélevés par lot et la quantité par échantillon de fèces fraichement émis doit être de 20 grammes. L’interprétation des résultats pourront éclairer sur la prise de décision d’utiliser un traitement ou non.

L’observation quotidienne des animaux et la pesée restent essentielles pour détecter le moindre changement dans l’état des animaux.

Pour plus d’informations, contacter vos GDS départementaux qui proposent une prise en charge d’une partie des analyses et un suivi du parasitisme.

Sources : Herbe et fourrage, GDS Creuse, FRGDS Aura, GDS Vendée.