Ovins : Comment gérer et prévenir au mieux la nouvelle circulation de FCO8 ?

Depuis début août 2023, des cas cliniques de Fièvre Catarrhale Ovine – sérotype 8 (FCO-8) sont à nouveau fortement apparus chez des ovins et des bovins dans le Sud du Massif Central, dans les départements de l’Aveyron, du Cantal, de la Lozère, du Tarn et du Tarn-et-Garonne. La maladie s’est progressivement propagée dans une vingtaine de départements depuis fin novembre 2023. Les premiers cas cliniques ont été gérés localement et remontés au fur et à mesure via le réseau des GDS, ce qui a permis de caractériser cette nouvelle vague de FCO-8 et d’adapter la réaction en élevage.

Le séquençage du génome de la souche FCO-8 a ainsi montré la présence d’une nouvelle souche de sérotype 8 différente de celle qui a circulé en Europe entre 2006 et 2009 et depuis sa réémergence en 2015. L’origine de cette nouvelle souche de FCO-8 reste indéterminée. L’impact clinique serait donc lié à cette nouvelle souche et à la circulation du virus sur une population naïve. Sa diffusion pourrait être similaire à ce qui avait été observé lors des épisodes cliniques précédents.

Pour rappel, la FCO est une maladie vectorielle transmise par les moucherons (Culicoïdes) et dont les symptômes sont divers. En ovins, les animaux présentent de l’hyperthermie, des difficultés de locomotion, des croûtes sur le mufle, des ulcérations dans la bouche, du jetage ou encore une langue bleue… L’enquête GDS France réalisée par le réseau et menée dans le département de l’Aveyron a révélé une variation de la morbidité allant de 0,3 à 47% chez les ovins adultes, et de la mortalité allant de 0 à 35%.

Limiter la diffusion de la maladie sur le territoire et en élevage

Pour limiter la diffusion de la maladie sur le territoire, il convient d’appliquer des mesures de biosécurité liées à l’activité du vecteur (gestion des effluents et des zones humides, limitation des contacts avec les animaux malades…), et de nettoyer et désinsectiser les moyens de transport avant le chargement des animaux pour éviter la dissémination mécanique. Il est aussi fortement recommandé de s’assurer du statut des animaux avant la participation à des rassemblements avec une analyse PCR ou une vaccination (10 à 30 jours post-vaccination selon le vaccin).
En élevage, les signes cliniques peuvent être atténués en lien avec son vétérinaire. En prévention, l’usage de la vaccination est fortement recommandé et peut permettre de diminuer les symptômes et réduire la propagation du virus au sein du troupeau, notamment dans un contexte d’émergence de d’autres maladies portées par les mêmes vecteurs (MHE, FCO-3). Cela limite le risque que des moucherons puissent s’infecter et transmettent le virus à un autre animal et permet donc d’avoir une protection individuelle et collective pour le troupeau.

Le vaccin BTVPur a démontré son efficacité en laboratoire contre la nouvelle souche du sérotype 8 de la FCO (étude ANSES 2023). D’autres études sont en cours sur le vaccin SYVAZUL du laboratoire SYVA et sur le vaccin Bluevac de CZV. Concernant son utilisation et s’agissant d’une vaccination volontaire, l’éleveur peut vacciner directement ses animaux, dans la mesure où le vaccin est disponible auprès des vétérinaires. Cependant, si celle-ci est utilisée pour un rassemblement ou pour des échanges ou exports, elle doit être effectuée par un vétérinaire.

Dans l’idéal, tous les animaux pourraient être vaccinés mais en pratique il est recommandé de vacciner les béliers en priorité pour prévenir une éventuelle infertilité. Le schéma classique de vaccination est une première injection suivie d’une seconde injection 3 à 4 semaines après. Le délai d’installation de l’immunité après primovaccination complète est d’en moyenne 3 semaines. Toutefois, ce protocole peut varier selon le vaccin utilisé.  Le coût de la vaccination peut varier en fonction de son vétérinaire : les vaccins disponibles ont divers flaconnages, le tarif des vaccins est fixé dans chaque cabinet et l’intervention d’un vétérinaire est un acte libéral. La tarification dépend donc des choix et organisations des cabinets vétérinaires.

De manière générale, il est important de surveiller les animaux matin et soir (état général, comportement alimentaire/hydratation, production). Dès l’apparition de signes cliniques évocateurs, il convient de contacter son vétérinaire et soigner les signes cliniques.

Emergence de d’autres maladies vectorielles

Actuellement, des cas de FCO-3 sont déclarés aux Pays-Bas, Belgique, Allemagne et Royaume-Uni. Par ailleurs, la Maladie Hémorragique Epizootique (MHE) circule sur le territoire depuis septembre 2023 et  touche principalement les bovins. La FCO-3, comme la MHE ont des symptômes proches de la FCO-8. La FCO-8 étant endémique sur le territoire, l’ensemble de la France est en zone réglementée et les règles pour les échanges et exports ne changent pas depuis quelques années. En revanche, la MHE étant présente sur le territoire depuis peu, entraine donc la mise en place de zones régulées (en région Centre-Val de Loire : zones MHE dans le Cher, l’Indre et l’Indre et Loire à ce jour , tout comme la FCO-3 si elle venait à arriver en France. Les mouvements d’animaux sont alors soumis à des exigences depuis ces zones.

Face à ces maladies émergentes, les éleveurs, accompagnés des GDS, se mobilisent pour concevoir la protection des élevages et mieux anticiper pour une meilleure gestion globale des maladies.

Pour plus d’informations, consulter les actualités de GDS France et du site GDS Centre.

Une courte vidéo pédagogique est également disponible sur la chaîne Youtube GDS France :

Source : GDS France.