L’Allemagne perd son statut indemne de fièvre aphteuse suite à la confirmation d’un foyer – impacts

Le 10 janvier 2025, un foyer de fièvre aphteuse a été confirmé dans un élevage de buffles d’eau en plein air en Allemagne à proximité de Berlin dans le Länder de Brandebourg. Cette maladie est inscrite sur la liste des maladies de catégorie A, D et E de la Loi de Santé Animale européenne (règlement (UE 2016/429)) donc soumise à éradication immédiate, soumise à surveillance, et à restriction de mouvements en États membres.

Impacts directs

Lorsqu’un pays n’est plus indemne de la maladie, des restrictions au commerce sont appliquées. Les pertes financières liées à ces restrictions, dans un pays initialement indemne, s’ajoutent au coût des mesures de lutte et provoquant des pertes économiques considérables. Par exemple en 2001, le coût direct de l’épizootie britannique a été évalué à 7,5 milliards d’euros.

Le troupeau touché par la maladie en Allemagne a été abattu et différentes mesures ont été mises en place pour éviter une diffusion de la maladie : abattage d’un cheptel porcin de 150 porcs et d’un cheptel caprins à proximité, mise en place de zones de restriction (voir plus bas). À la date du 15 janvier 2025, aucun autre foyer n’a été détecté, aucune suspicion n’était en cours et l’origine du foyer est inconnue sachant que les buffles sont tous nés en Allemagne. La souche virale identifiée est le sérotype O de la fièvre aphteuse présente en Iran et Turquie. Une enquête épidémiologique continue pour identifier l’origine de l’introduction du virus.

Les signes cliniques

Cette maladie virale affecte les Artidactyles domestiques ou sauvages, c’est-à-dire les suidés, les ruminants, les camélidés etc… La fièvre Aphteuse n’est pas transmissible à l’homme selon l’OMSA.

Chez les bovins, elle se caractérise par une hyperthermie, de l’abattement, une inappétence, de l’inrumination. Des vésicules sont présentes dans la cavité buccale et se rompent en 12-24h pour donner des ulcères douloureux. D’autres vésicules apparaissent sur le bourrelet coronaire et l’espace interdigital. Elles évoluent aussi en ulcères.

Chez les ovins et caprins, les lésions sont également situées dans la cavité buccale et sur le bourrelet coronaire et l’espace interdigital. Elles sont plus discrètes et fugaces, donc il est important de surveiller également d’autres signes d’alerte comme la mortinatalité et les avortements.

Chez les porcins, les lésions sont localisées à la bouche, sur la mamelle sur les pieds et aussi le groin. Les animaux ont alors des difficultés de déplacement liées aux ulcères, et de la fièvre qui engendre de la prostration.

La maladie est virale et très contagieuse. Sa transmission se fait :

  • Par contact direct et indirect entre animaux
  • Par l’intermédiaire de vecteurs vivants (personnes, animaux) ou inanimés (véhicules, outils agricoles).
  • Par transmission aérienne via des gouttelettes de salive. Le virus peut être transporté par le vent sur des distances importantes depuis un élevage infecté.

 

Au vu de ces informations, il est important de savoir identifier la maladie afin de pouvoir déclarer les foyers dans un délai extrêmement court. Cela permettrait d’éviter le plus possible une propagation de la maladie qui aurait des conséquences très importantes pour les filières d’élevage.

 

Mesures mises en place en Allemagne

En Allemagne, tous les bovins entrants et sortants d’ongulés étaient bloqués et les rassemblements d’ongulés ont été interdits dans les Länder de Brandebourg et de Berlin du 10 au 15 janvier.

Une zone réglementée autour des foyers a été mise en place sous la forme suivante :

  • Une zone de protection de 3 km autour du foyer dans laquelle des analyses ont été réalisées dans tous les élevages. Aucune suspicion n’a été déclarée dans ce périmètre.
  • Une zone de surveillance de 10 km autour du foyer dans laquelle tous les élevages n’ont pas encore été visités. Aucune suspicion n’a été déclarée dans les élevages visités.

Des abattages préventifs (caprins et porcins) ont été réalisés dans la zone réglementée. Les résultats des prélèvements réalisés après abattage sont négatifs. D’autres abattages préventifs sont prévus.

Les autorités allemandes recensent les mouvements d’ongulés sortants de ces 2 Landërs depuis début décembre 2024 afin de repérer rapidement une éventuelle diffusion de la maladie.

 

Mesures mises en place en France

En France, suite à ces détections, les pouvoirs publics ont rapidement communiqué les informations concernant ces cas aux organisations professionnelles animales, dont les GDS, et aux vétérinaires. La consigne est simple : insister sur le fait de contacter son vétérinaire en cas de doute sur des signes cliniques.

Les services de l’Etat (DDetsPP) recensent les mouvements entrants d’ongulés vivants et de semence en provenance d’Allemagne depuis le 2 décembre 2024 tout en sensibilisant aux signes cliniques liés à la maladie et à la conduite à tenir en cas de suspicion.

Les seules restrictions qui s’appliquent concernent les mouvements d’animaux en provenance de la zone réglementée allemande. Ils ne peuvent donc pas se rendre en France.

 

Source : Plateforme ESA, GDS France et DGAL