Désinfecter le matériel utilisé au rucher

apiculteur - abeilles

Comme tous les ans, la section apicole de GDS Centre a réuni ses Techniciens Sanitaires apicoles pour un échange technique, avec un zoom cette année sur la désinfection en apiculture. Nous vous transmettons donc quelques conseils qui peuvent s’appliquer à tous les apiculteurs.

Il n’est pas facile de parler de biosécurité en apiculture. En effet, l’abeille a la liberté d’aller où elle veut et donc il est difficile de tout contrôler. Cependant, la biosécurité repose sur 3 points :

  • empêcher un agent pathogène de pénétrer à l’emplacement du rucher, de la ruche, du camion ou de la miellerie
  • éviter de multiplier cet agent pathogène
  • éviter de le propager.

La désinfection consiste à la destruction des microorganismes pour éviter leur propagation et donc répond à un de ces 3 points.

La principale difficulté rencontrée pour désinfecter en apiculture est la présence de matière organique sur les supports (cire, propolis, …). En effet, aucun désinfectant n’est actif sur la matière organique. Il faut donc l’éliminer en amont de la désinfection.

Seconde difficulté, le désinfectant ne doit pas être toxique pour les abeilles. Enfin, le choix va aussi varier en fonction du support.

Attention, nous vous recommandons d’utiliser des équipements de protection individuelle adaptés lors de chaque désinfection (gants, masque adapté avec cartouches, lunettes).

 

La désinfection du matériel en bois

Pour le bois, il y a 4 méthodes de désinfection.

La chaleur qui demande un protocole strict. Il faut tout d’abord gratter les salissures pour éliminer une partie de la matière organique. Puis passer le chalumeau pendant 3 minutes pour faire fondre la cire restante. Enfin, il faut passer la flamme 30 secondes sur chaque zone pour éliminer les bactéries, virus ou champignons. Pour éviter d’enflammer le bois, nous vous conseillons de faire plusieurs passages courts sur une zone plutôt que de chauffer le bois pendant 30 secondes au même endroit.

Un désinfectant chimique du commerce choisi en fonction de la cible : il faut être attentif à respecter la dose d’homologation pour que le produit soit efficace.

Une solution liquide réalisée avec des cristaux de soude : il en faut 500g pour 100L d’eau. Le bois doit être totalement immergé donc il faut le lester. Après traitement, il faut passer le bois au Karsher pour éliminer les restes de produits.

La meilleure solution reste la cire microcristalline (paraffine). Il faut placer le bois dans un bain de cire fondue à 150°C pendant 10 minutes. Ce bain est réalisé dans le même principe qu’un bain-marie pour éviter que le bois ne brule. La cire va alors remplacer toutes les impuretés. Par contre, cette technique est contraignante, car elle est très chronophage. Il faut également une bonne circulation d’air, car les vapeurs de cire sont toxiques.

 

La désinfection du petit matériel

Pour la désinfection du petit matériel, il y a plusieurs cas.

L’enfumoir ne doit pas être désinfecté à cause de la chaleur qu’il dégage qui joue déjà ce rôle.

Pour les gants, il n’y a pas de solution miracle quand ils sont en peau. Il faut les passer au gel hydro-alcoolique. Il est aussi possible d’utiliser des gants jetables de 2 tailles de plus enfilés sur les gants en peau et de les changer entre les ruches.

Les gants en latex non-jetables quant ’à eux sont très difficiles à désinfecter. Nous vous conseillons de les laver au savon puis de passer un gel hydroalcoolique par-dessus après lavage.

 

La désinfection du matériel en plastique

Le matériel en plastique peut être désinfecté avec de l’eau de javel. Cependant, si de la matière organique est présente sur celui-ci, il faudra d’abord utiliser un détergeant pour l’éliminer. Il conviendra d’utiliser de l’eau de javel avec un bon taux de Chlore actif. Attention, Il ne faut pas se fier uniquement à l’étiquette. Le pourcentage de javel indiqué sur l’étiquette diminue au fur et à mesure du temps par évaporation même si le produit n’est pas ouvert.

 

Les vareuses, blouses, et cotes

Attention, pour les vareuses, blouses et cotes, un passage à la machine à laver ne fera pas tout. Il faut passer les vêtements dans une machine qui va à une température de 90 °C. Il est possible d’utiliser une cuve d’eau bouillante si on ne dispose pas de machine à laver adaptée.

Si vous ne disposez ni de cuve, ni de machine adaptée, vous pouvez tremper les vêtements dans une solution d’eau de javel ou de Sanitol après passage à la machine classique.

 

Ne pas négliger le lavage des mains

Le lavage des mains est aussi une bonne façon de ne pas introduire de nouveaux pathogènes d’une ruche à une autre. Étant donné qu’il n’y a pas beaucoup d’eau courante à disposition sur les ruchers, le gel hydroalcoolique reste une bonne solution. En effet, il va permettre d’éliminer la flore transitoire des ruches qui se serait déposée sur les mains de l’apiculteur. Pour cela, il faut utiliser 2 pressions sur le bec doseur du gel hydroalcoolique et bien respecter les 7 étapes du lavage de main :

  1. Paume sur paume.
  2. Paume de la main droite sur le dos de la main gauche et vice versa.
  3. Paume contre paume, doigts entrelacés.
  4. Dos des doigts contre la paume opposée avec les doits emboités.
  5. Friction circulaire du pouce droit enchâssé dans la paume gauche et vice versa.
  6. Friction en rotation en mouvement de va-et-vient et les doigts joints de la main droite dans la paume gauche et vice-versa.
  7. Friction des poignets.

 

N’hésitez pas à contacter votre GDS pour plus d’échanges ou de conseils sur le sujet.

Source : Journée TSA GDS Centre, intervention Dr Samuel Boucher-SNGTV