Connaître le statut sanitaire des élevages vis-à-vis de la fièvre Q

La fièvre Q circule dans les élevages de ruminants un peu partout en France. Mais, si les détections sont souvent faites lors d’épisodes d’impact clinique, les éleveurs attendent d’avoir un outil fiable, pratique et à un coût raisonnable pour la détection dans les élevages. L’objectif est d’adapter la prévention au niveau de circulation de la fièvre Q (absence, ancienne, active). Des travaux ont été lancés avec le réseau des GDS en ce sens.

 

Qu’est-ce que la fièvre Q et quels sont les risques ?

La fièvre Q est une maladie zoonotique transmissible à l’Homme par les ruminants par voie respiratoire à partir d’un environnement contaminé et/ou au contact d’animaux infectés. Elle se manifeste le plus souvent sous la forme d’une fièvre et de douleurs musculaires, parfois accompagnées de signes digestifs (diarrhée, vomissements) ou respiratoires (toux). Les personnes fragiles ou à risque (notamment les personnes atteintes de pathologies cardiaques ou vasculaires et les femmes enceintes), peuvent développer des complications de la maladie.

Cependant, chez les ruminants, l’infection est le plus souvent asymptomatique : les ruminants infectés ne présentent pas de signes cliniques dans la majorité des cas. Toutefois, lors d’épisode clinique, la fièvre Q peut être responsable de troubles de la reproduction (avortements en fin de gestation, mises bas prématurées, naissance d’animaux chétifs). Il est donc important de pouvoir identifier les risques en élevages pour protéger les personnes sensibles.

En 2021, un comité a été mis en place pour sensibiliser les professionnels de l’élevage et faire différentes recommandations pour le diagnostic de la maîtrise de la maladie.

 

Tester un protocole de détection du statut de la maladie en élevage

Ce groupe de travail, dont font partie les GDS, a mis en place une étude en 2023 pour :

  • tester la fiabilité d’un protocole de détection du statut de la fièvre Q en élevage sur un échantillon représentatif de ruminants.
  • Estimer, pour les ateliers échantillonnés dans le cadre de cette étude, le niveau de circulation de la fièvre Q (absence, ancienne, active) au moment des prélèvements.
  • Sensibiliser les éleveurs qui proposent un accueil au public à cette zoonose et proposer un accompagnement permettant d’accueillir les visiteurs dans les meilleures conditions.

Pour cela, 87 ateliers bovins, ovins, et / ou caprins accueillant du public ont été recrutés sur la base du volontariat. Ils sont situés dans 33 départements différents et 6 d’entre eux étaient situés en région Centre-Val de Loire.

 

 

Quelle circulation de la fièvre Q en élevage ?

Plusieurs méthodes d’analyses (sérologiques, PCR sur lait, PCR sur matrice environnementale) ont été utilisées pour identifier le statut des animaux vis-à-vis de la fièvre Q. Les résultats obtenus ont permis d’aboutir à une proposition de « statut atelier » :

– « vert » : absence de circulation active mise en évidence sur la base des échantillons testés

– « orange » : circulation mise en évidence (active ou ancienne). Dynamique à interpréter selon le contexte épidémiologique, les taux d’anticorps et à conforter avec la répétition des analyses dans le temps

– « rouge » : circulation active mise en évidence

– « gris » : impossibilité de conclure.

Parmi ces élevages, une circulation active de fièvre Q a été mise en évidence dans 43,3 % des élevages bovins, 23,3% des élevages caprins et 7,4 % des élevages ovins. L’absence de circulation quant à elle a été démontrée pour 36,6%, 11,1% et 43,3 % des ateliers bovins, caprins, ovins. Pour les autres élevages, des traces de circulations active ou ancienne ont été identifiées mais les résultats sont à prendre avec prudence.

Cependant, ces résultats ne sont pas généralisables à la France entière puisque ceux-ci étaient réalisés pour tester la fiabilité de différents protocoles. De plus ils ne permettent pas d’objectiver un risque zoonotique car la probabilité de transmission ne dépend pas uniquement du statut de l’élevage mais aussi de paramètres environnementaux, météorologiques et aussi propre à chaque individu humain susceptible d’être infecté.

 

Quelles suites ?

À la suite de cette étude, différents questionnaires ont été réalisés pour mesurer l’acceptabilité du protocole par les éleveurs, les GDS et les vétérinaires. Les résultats de cette enquête montrent une bonne acceptabilité et approbation des résultats par ces acteurs.

Des axes de travail ont été identifiés et des travaux pourront être menés par le groupe de travail fièvre Q de la plateforme ESA sur :

  • L’évolution du protocole (choix des prélèvements, données à collecter, transporteur fiable et réactif, améliorations techniques, …) ;
  • Les modalités d’interprétation des résultats positifs (prise en compte des résultats quantitatifs de PCR ou pas, des résultats sérologiques par classes d’âges) ;
  • Les investigations à proposer pour les cas de figures « Statut Orange » pour objectiver la dynamique de circulation (ajouter une voie d’excrétion dans l’échantillonnage des allaitants, approfondir l’analyse des résultats sérologiques, …).

Source GDS France et Comité FQ