Ces dernières années de plus en plus de cas de maladie du sommeil de la carpe ou CEV (Carp Edema Virus) ont été recensés en France. Au vu des remontées de terrain, la région Centre-Val de Loire est impactée.
Modes de transmission et symptômes de la maladie
Cette maladie est due à un virus à ADN de la famille des Poxvirus affectants les carpes (espèce Cyprinus carpio d’ornement ou commune), dont les premiers cas sont apparus dans les années 70 au Japon et en 2009 en Europe au Royaume-Uni. Très contagieuse, elle se transmet par contact direct entre poissons ou via l’environnement (eau, matériel de pêche, fèces, boues etc…). Ces derniers peuvent contracter la maladie sans exprimer de symptômes au départ. Divers facteurs, comme des températures entre 0 et 25°C et du stress (capture ou transport de poissons) peuvent être à l’origine du déclenchement de cas cliniques mais ne le sont pas de manière systématique.
Les symptômes observés sont une hypersécrétion de mucus sur la peau et affectant les branchies, l’apparition d’œdèmes cutanés, un enfoncement anormal de l’œil dans l’orbite (pas systématique et non spécifique), un comportement léthargique, une perte d’appétit. A un stade avancé de la maladie, on peut observer des poissons couchés sur le flanc au fond ou en surface. Les poissons finissent par mourir de manque d’oxygène. Des surinfections par des bactéries ou des champignons peuvent également survenir sur les branchies des poissons, entraînant des nécroses.
Les taux de mortalité de la population d’un étang peut atteindre jusqu’à 80% en 1 ou 2 semaines et les mortalités surviennent souvent après empoissonnement ou un épisode de débordement des étangs amont.
La maladie n’est cependant pas une zoonose (non transmissible à l’homme).
Prévention et lutte contre la maladie
La maladie étant plus fréquente en fin d’hiver, c’est-à-dire quand les eaux se réchauffent, il convient de renforcer les mesures de biosécurité durant cette période avec une marche en avant, éviter les transferts de carpes d’un plan d’eau à un autre, nettoyer et la désinfecter son matériel de pêche (rinçage, séchage pendant 12 heures minimum et exposition au soleil). Il peut être intéressant d’alimenter les carpes avec un régime riche en protéines pour renforcer le métabolisme des poissons. Cette maladie étant émergente, il est important de signaler aux fédérations de pêches, techniciens sanitaires aquacoles ou vétérinaires toute mortalité anormale. |
En cas de suspicion de la maladie, une analyse par PCR peut être réalisée sur un échantillon de branchie ou un écouvillon branchial de poissons moribonds ou morts récemment pour confirmation. Les laboratoires départementaux du Jura, des Pyrénées et des Landes et de l’Hérault peuvent réaliser ces tests. La section aquacole de GDS Centre encadre ces prélèvements et peut prendre en charge les analyses.
Il n’existe actuellement pas de vaccin contre cette maladie et aucun traitement curatif avec un effet réel sur la clinique. Une eau salée à 0,5% peut cependant permettre de réduire les symptômes.
Le projet de recherche CEVIRAL, financé par les fonds européens pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP) et l’institut technique des filières avicoles, cunicole et piscicole (ITAVI) a permis de mieux connaître la maladie, d’améliorer les techniques de prélèvement et d’analyse et de mieux comprendre les facteurs déclenchant la maladie.
D’autres perspectives de recherche sont en cours comme la création d’une PCR sur échantillon d’eau ou la mise au point d’une PCR simplifiée réalisable sur le site de pisciculture qui permettrait une meilleure réaction sur le terrain.
En cas de doute et pour toute question, le technicien spécialisé de GDS Centre est à votre disposition.
Source : Section aquacole GDS Centre, ANSES, ITAVI.